Découverte
L’existence de cette épave nous avait été révélée par le directeur de la société de travaux sous-marins TTSM3, sans toutefois nous en donner la position exacte.
L’épave a été découverte le 2 décembre, au cours d’une recherche le long du littoral nord-ouest de l’île, par une équipe de six plongeurs progressant en ligne de front, du nord au sud, au pied des éboulis des roches littorales, par fond de 9 mètres.
Exécution de l'expertise
L’expertise de l’épave a porté au préalable sur l’examen des divers objets récupérés antérieurement par la société TTSM de Dakar et sur l’étude du site.
Le travail exécuté au cours de 22 plongées, a comporté :
- le repérage des amers permettant de localiser le site.
- l’établissement d’un plan général du site,
- la mise au jour de quelques objets afin de préciser la datation et l’origine de l’épave.
Description du site.
Le site se trouve à environ 80 mètres au nord-ouest de l’île, à une profondeur de 8 à 10 mètres sur un fond de sable, bordé par des éboulis rocheux. Un amas de pierres, probablement le lest d’un navire naufragé, occupe une zone de 15 mètres sur 8 mètres. Ce lest couvre une charpente en bois et des débris de plaques de cuivre. Une ancre et un canon sont disposés de part et d’autre de cet amas.
On observe aussi des éléments métalliques, dont un treuil, des chaînes d’ancre, et plusieurs cylindres métalliques. Des débris de bouteilles en verre parsèment le site. Certains objets ne sont pas liés au naufrage et pourraient provenir de débris récents rejetés par des navires modernes ou depuis l’île.
Mobilier archéologique
Les objets trouvés proviennent soit de prélèvements antérieurs réalisés par la société TTSM, soit de fouilles récentes. Parmi ces objets, principalement des pièces de gréement comme des poulies et un canon, gravement dégradé, qui pourrait être un canon anglais de 4 livres. Un monogramme potentiellement lié à la reine Victoria a été observé sur le renfort de la culasse.
Une pièce de monnaie identifiée comme un deux francs en argent à l’effigie de Napoléon III, datée de 1869, a également été découverte. Le site abrite aussi une ancre sans jas et un canon similaire à celui trouvé à terre.
Divers objets, dont des restes de bouteilles avec bouchons en liège et une capsule d'étain frappée d'une grappe de raisin, ont été mis au jour. Cette capsule rappelle celle retrouvée sur l'épave de la Jeanne-Elisabeth, un trois-mâts barque français coulé en 1872, dont la datation concorde avec la pièce de monnaie.
Interprétation
Il s’agit d’un navire à voile ayant une coque de bois doublée de cuivre. La longueur moyenne des clous de cuivre est comprise entre 16 et 18 cm ce qui permet d’évaluer l’épaisseur de la coque dans les oeuvres vives à environ 9 cm. On peut donc évaluer
le tonnage du navire à environ 6 à 700 tonneaux. Le poids de l’ancre, évalué à 1500 kg, est cohérent avec un tel tonnage.
La cargaison malgré le petit nombre d’éléments recueillis pourrait être en partie composée de vin de Bordeaux. Les bouteilles observées sont du type champenoise (n°74) ou bordelaise (n°48). Deux diamètres différents ont été relevés : 7 et 8,7 cm.
La capsule d’étain renforce cette hypothèse.
La pièce de monnaie frappée en 1869, la capsule d’étain et le monogramme du canon qui pourrait être celui de la reine Victoria, sont des indices qui plaident pour un naufrage s’étant produit dans le dernier quart du XIXème siècle. Les armateurs au commerce français se fournissant souvent en pièce d’artillerie auprès des fonderies anglaises, nous penchons plutôt pour un navire français (venant de Bordeaux ?) dont les conditions du naufrage ne sont pas encore élucidées.