Estuaire de la Loire – Campagne

Archéologie de la traite

Préparation

La campagne de prospection magnétomètrique dans les atterrages de la Loire s’inscrivait dans un programme général de recherche sur le commerce triangulaire qui se déroule à la fois au Sénégal et en Martinique. Ce programme qui a reçu le label de la Decennie Mondiale du Développement Culturel de l’UNESCO et celui des Anneaux de la mémoire de la ville de Nantes a reçu le soutien scientifique de l’URA 211 Sorbonnes/CNRS, de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN) et de l’Université des Antilles-Guyane. Dans le cadre de ce programme, les prospections visaient à retrouver des vestiges de navires de traite naufragés aux abords de l’estuaire de la Loire.
Par ailleurs nous souhaitions poursuivre nos investigations et chercher à identifier deux épaves situées sur le Plateau du Four :


– la première, découverte au cours de la campagne de recherche effectuée par le GRAN en 1991 sous la direction de Melle Marion Delhaye, supposée être celle de l’un des deux vaisseaux anglais (Essex ou Resolution), coulés en 1759 au cours de la bataille des Cardinaux.
– la seconde découverte par M. A. Lorin en 1983, supposée être celle de la frégate Hermione coulée en 1793.

Le matériel utilisé comporte un magnétométre ELSEC 7706 associé à un sytème de navigation Sylédis (Orion) et un sondeur Furuno dont les informations sont gérées au moyen du logiciel Mac Sea installé sur un ordinateur Mac II ci. Le support de navigation était constitué par une carte marine passée au « scanner ». L’écran de l’ordinateur permet de visualiser instantanément des routes suivies et les  valeurs de la sonde et du champ magnétique.
Ces informations conservées en mémoire permettent de sortir sur imprimante, en fin de journée, l’ensemble du travail effectué.
Un tel système permet de faire un travail de prospection efficace, comportant une restitution exacte des routes suivies et des informations recueillies.
A cet égard, il faut remarquer que les résultats des prospections antérieures n’étaient en réalité utilisables qu’à titre indicatif.

– Les prospections effectuées par M. Lorin qui ne disposait pas de moyens de navigation précis, avaient permis alors la découverte de plusieurs sites. Toutefois nous ne disposions pas des données permettant de restituer la zone de recherche et son taux de couverture. La précision des positions relevées à l’époque, de l’ordre de 150 à 200 m (correspondant à une navigation à vue sur le plateau du Four), ne nous a pas non plus permis de retrouver le site sans avoir à effectuer une recherche systématique.

– Il en est de même pour les prospections effectuées au magnétomètre et au sonar latéral par M. Jean-Yves Blot assisté de M. Egerton, en utilisant un moyen de navigation précis (Sylédis). Nombre de paramètres nous manquent pour évaluer et utiliser un travail de recherche qui apparait plus, en définitive, comme une recherche d’épave dans une zone favorable que comme une véritable recherche systématique.
En définitive si une prospection systématique a pour but de rechercher des épaves et de les localiser avec précision, elle doit aussi permettre d’en démonter, le cas échéant, l’absence dans une zone donnée.

Ce dernier objectif est beaucoup plus difficile à atteindre qu’il n’y parait. La notion d’épave est en effet relative. Une absence de détection peut tenir non seulement à la taille de l’épave elle même (plus précisémment à la masse de fer qu’elle représente) mais également à la précision des senseurs et aux paramètres adoptés pour la recherche : précision de la navigation, sensibilité du magnétomètre, bruit de fond du signal, hauteur du magnétomètre au-dessus du fond, espacement des passes, vitesse, fréquence de répétition du signal émis. Pour évaluer le taux de couverture obtenu vis à vis d’une cible donnée on doit donc pouvoir disposer à la fois d’un relevé des routes mais aussi des paramètres (au moins les plus importants) adoptés pour la recherche.

Les prospections se sont déroulées du 10 août au 10 septembre 1992, elles ont été perturbées par un mauvais temps persistant de la mi-août au début de septembre, rendant difficiles les recherches. A partir du 15 août, la turbidité des eaux a rendu les plongée inefficaces. Deux jours de beau temps ont cependant permis d’intervenir sur le plateau du Four.

Concernant l'Hermione

La campagne a été préparée par des études historiques portant sur les divers thèmes de recherche envisagés. Plusieurs documents ont été rédigés à cet effet.

Concernant l’identification de la frégate Hermione nous disposions d’une étude réalisée par le Centre International de la mer de Rochefort dans le cadre du projet de reconstruction de cette frégate. Ce travail comporte une étude historique concernant les circonstances du naufrage et les caractéristiques de la frégate.
Grâce à l’amabilité et à la coopération de M. André Lorin nous disposions d’une copie de son compte-rendu rédigé en 1984 à la suite de ses prospections dans le Nord-Est du plateau du Four et les données concernant le site présumé du naufrage. Nous disposions également des résultats d’une prospection effectuée à l’aide d’un magnétomètre et d’un sonar latéral en 1982 par Monsieur Jean-Yves Blot sur le bord Est du plateau du Four.

Environnement

Le site est situé à la position 47° 17,295 N; 02° 37,800 W soit au Nord-Est du plateau du Four à environ 450 mètres à l’ouest du rebord.
Le fond rocheux est recouvert d’une végétation dense de laminaire. La période favorable à la plongée se situe en marée de morte-eau, le courant est alors faible et compte tenu de la profondeur (environ 1,5 m au dessous du 0 des cartes), l’accès du site est plus facile.

Description

Après arrachage des laminaires, le site apparait comme une masse allongée de concrétion ferreuse orientée grossièrement Est/Ouest, entourée d’une bande étroite de sable. Une ancre se trouve à une vingtaine de mètres dans le Sud et un canon se trouve dans le Sud/Ouest à 7 mètres de la masse de concrétion.

Le lest

La masse ferreuse est formée de gueuses de fer orientées dans le sens Est/Ouest, soudées les unes aux autres par l’oxyde de fer et les concrétions calcaires. La masse la plus importante  mesure 16 mètres de long sur environ 5 à 7 mètres de large  Une masse plus petite, que nous n’avons pas relevé avec précision, se trouve dans le Nord/Est à 1,5 m de la première et mesure 6 x 2 m environ. Des gueuses de lest sont éparpillées autour du site, en particulier dans le Nord/Ouest ou se situe une zone incohérente. Par contre le rebord Sud, sauf à son extrémité Ouest, est régulier et pratiquement rectiligne. L’ensemble du lest est incliné d’une dizaine de degrés du Nord vers le Sud.

L’examen de l’amas de lest nous permet de distinguer sur le bord Nord la cloison transversale d’un puit à boulet délimitant un espace libre rempli de sable d’une largeur d’environ 1 mètre. Cet espace peut être interprété comme l’emplanture du grand mât.

Les gueuses de lest sont de longueur variable. Une gueuse de 65 cm de long pour une section de 15 x 15 cm  a été mesurée, certaines comportent un trou destiné à faciliter la manutention. Dans leur grande majorité elles sont orientées dans le sens de la longueur du gisement.

Les vestiges de la coque

L’examen des vestiges de la coque est resté limité. Nous n’avons pas utilisé de suceuse et le sédiment a seulement été dégagé à la main. Les charpentes et le doublage en cuivre sont visibles en plusieurs endroits.

Le doublage visible en deux endroits au Nord, le long du bord Sud et à l’extrémité Est du site, nous a permis de localiser les limites des vestiges de la carène et d’évaluer la largeur du bâtiment. Le mauvais état des plaques ne nous a cependant pas permis d’observer le sens de leur recouvrement et de situer ainsi l’avant de l’épave.

Les éléments de carène observés au Sud peuvent être interprétés comme : une serre visible sur une longueur d’environ 2 mètres, ayant une largeur de 22 cm pour une épaisseur de 8 cm., sous laquelle apparaissent une série d’éléments de charpente transversaux jointifs, dont les largeurs semblent avoir le rythme : 12cm, 30cm, 20 cm, 12 cm, 30cm, 20 cm…, sans qu’il soit possible, avec les moyens dont nous disposions, de déterminer avec précision leur fonction. Des gournables et des empreintes de clous à section carrées sont visibles. L’élément observé pourrait être une serre d’empature située à l’extrémité des varangues, dans la mesure ou nous nous trouvons à la limite transversale du lest en fer et que celui-ci ne dépassait pas l’extrémité des varangues.

Les charpentes observées à l’Est du site comportent un élément de vaigrage de 24 cm de large et plusieurs éléments du plancher de cale se terminant en biseau sur le vaigrage. D’autre part plusieurs virures de bordé dont l’une mesure 20 cm de large pour 7 cm d’épaisseur sont visibles, elles sont garnies à l’extérieur de doublage en cuivre et ont un galbe prononcé qui indique l’une des extrémités de la carène. Une membrure de 24 cm de largeur est également présente à cet
endroit.
L’ensemble des observations effectuées sur le lest et les éléments de la charpente, permet de définir assez précisemment l’axe du bâtiment et la position de la quille.

Couverture initiale

Après une première tentative de recherche effectuée le 3 septembre autour d’une position dont la précision s’est révélée, après enquête, insuffisante, une recherche systématique a été entreprise le lendemain 4 septembre.
La zone retenue était comprise entre les parallèlles : 47° 17,000 N et 47° 17,500 N soit environ 900 mètres et le méridien 02° 37,630 W et la limite des hauts fonds comprise entre le méridien 02° 37,900 W au Sud de la zone et 02° 37,800 au Nord de la zone, soit une largeur moyenne d’environ 300 mètres.

Etant donné le poids du lest en fer de la frégate estimé à environ 25 à 30 tonnes et une profondeur moyenne de 4 mètres, un intervalle de recherche de 40 mètre (30/1000 de minutes de longitude) a été retenu. En effet le lest n’est pas concentré en un seul point et une telle masse de fer peut donner, en théorie, une anomalie de l’ordre de 100 nT à une distance de 25 mètres.
 La recherche a été génée par la présence à l’Ouest de la zone, de haut fonds très proches et par la présence de nombreux engins de pêche. Neuf (9) passes Nord/Sud ont été nécessaires pour couvrir la totalité de la zone soit une distance utile parcourue de 8000 mètres couverte en 2 heures.

Cinq anomalies ont été détectées :

Tableau Anomalies
Anomalie Localisation Profondeur Intensité (nanoTesla)
WPT 22547° 17,372 N; 02° 37,767 W4 mètres36 nT
WPT 22647° 17,312 N; 02° 37,796 W4,5 mètres60 nT
WPT 22747° 17,261 N; 02° 37,832 W4 mètres8 nT
WPT 22847° 17,143 N; 02° 37,681 W4 mètres82 nT
WPT 22947° 17,339 N; 02° 37,763 W4 mètres9 nT
  • Le WPT 228 correspond à une anomalie (F2) déjà détectée le 3 septembre et identifiée en plongée comme un canon de calibre 18 ou 24 et des boulets épars.
  • Les WPT 225 et 229 correspondent sans doute à un même site (F4), sur lequel nous n’avons pas eu le temps de plonger.
  • Les WPT 226 et 227 semblant correspondre à un même site baptisé F3 ont donné lieu à une série de passes de vérification qui ont permis de localiser le site recherché.

On remarquera que l’intervalle de recherche choisi a permis d’obtenir des détections à l’occasion de deux passages encadrant l’épave et ayant entre eux un écart effectif de 47 mètres.

Vérification et relocalisation

Cinq passes de vérification ont été réalisées (voir Figure n°4) permettant d’établir une « coupe » Ouest/Est de l’anomalie magnétique (voir Figure n°14), de localiser avec précision le site et de mouiller une bouée de marquage (voir Figure n°13).

Il faut noter que l’intensité de l’anomalie détectée au moment du mouillage de la bouée a atteind 670 nT (WPT 234).

Les figures 5 à 11 représentent le champ magnétique mesuré au cours des diverses passes de recherche, tel qu’il est restitué par le logiciel Mac Sea (voir Figure n°11).

La figure 12 est une photocopie de la bande d’enregistrement du magnétomètre au moment de la dernière détection du site (WPT 234) (voir Figure n°12).

La présence d’un lest formé de saumons de fer et d’un puit à boulet permet d’identifier à coup sûr un navire de guerre. Le calibre des boulets permet de présumer qu’il s’agit d’un bâtiment français . La présence d’un doublage en cuivre permet également de situer le naufrage après 1780 date de l’apparition des premiers doublages en cuivre.

Il est également possible d’évaluer les dimensions du bâtiment. L’amas de lest a une largeur de 5 mètres environ dans sa partie centrale, la plus cohérente. On sait que le lest d’un bâtiment était disposé de manière à ne pas dépasser les extrémités des varangues. Ces dernières ayant, dans la partie centrale, un empattement de l’ordre de la moitié de la largeur au maître bau on peut donc estimer la largeur du bâtiment à environ 10 mètres.

 

Cette valeur est confirmée par le diamètre du femelot. On sait en effet que dans la construction navale du XVIIIème, il existe une harmonie entre toutes les parties du navire dont les mesures sont toujours liées par un module commun (souvent la largeur au maître bau ou la longueur de la quille portant en terre). Une règle simple lie, de cette manière, le diamètre du femelot à la largeur au maître bau : à savoir que la largeur du bâtiment exprimée en pieds est égale au 6/7 du diamètre du femelot exprimé en lignes. Un calcul rapide montre que les 7/6 de 60 mm représentent 70 mm soit 31,4 lignes (de 2,2256 mm) et que la largeur est donc de 31,4 pieds soit 10,4 mètres aux approximations de mesure près. Si on se reporte au tableau des « Caractéristiques principales des bâtiments de mer », on constate qu’une largeur d’une dizaine de mètres correspond à un batiment du type frégate. Cette identification est confirmée par l’ancre dont le poids correspond à celui d’une ancre de frégate portant du 12.

Dès lors que nous nous trouvons en présence d’une frégate française perdue à la fin du XVIIIème siècle, l’identification de l’Hermione repose sur deux observations majeures : l’absence d’artillerie sur le site et la présence de boulets représentant exclusivement les 2 calibres embarqués à bord des frégates de 12.

 D’une part, dans une lettre adressée au Ministre de la Marine, le CV Martin précise clairement que l’artillerie est sur le point d’être récupérée en totalité.
 D’autre part, on pouvait se poser la question de savoir si l’Hermione était équipée d’artillerie secondaire de 8 livres ou de 6 livres. Bien qu’un règlement du 1er janvier 1786 ait prévu de remplacer l’artillerie de 6 des frégates de 12 par de l’artillerie de 8, M Jean Boudriot souligne que ce règlement semble avoir été inégalement suivi. Le CV Martin dans la même lettre, donne une réponse à cette question, apportant ainsi la preuve que des canons de 6 livres se trouvaient à bord.

Un seul point reste non élucidé. La correspondance rendant compte du naufrage indique que la frégate s’est couchée sur tribord. L’impossibilité de déterminer l’orientation de l’avant ne permet pas de vérifier cette information. Qui plus est, l’ensemble du lest est incliné vers le sud et si le bâtiment n’a plus bougé par la suite, il se serait donc trouvé cap à l’Est au moment de la marée basse. Cette hypothèse n’est pas impossible mais elle implique une tentative pour faire pivoter le bâtiment afin de le dégager des hauts-fonds puisque sa route, au moment du naufrage, était proche du NW. La présence de l’ancre dans le Sud, à une vingtaine de mètres, avec son organeau orienté vers le nord pourrait indiquer cette tentative et expliquer que finalement le navire se soit couché dans cette direction. Un sondage plus approfondi devrait nous permettre de trancher cette question.

Concernant l'Essex

A la fin de la campagne de prospection menée par le GRAN sous la direction de Melle Marion Delhaye en 1991, un site comportant 14 canons, une ancre et deux courbes de fer avait été découvert et succinctement étudié. Nous avions alors estimé qu’il s’agissait probablement de l’épave de l’Essex.

Le mauvais temps rencontré pendant la campagne 1992 ne nous a, encore une fois, laissé que peu de temps pour étendre les recherches autour de ce site. Par ailleurs nous ne disposions plus, en fin de campagne, ni du magnétomètre ELSEC 7706, ni du logiciel Mac Sea et nous avons travaillé avec un magnétomètre Aquascan MX 500 sans enregistreur graphique, loué pour l’occasion, associé au système de navigation Syledis Orion.

Le 8 septembre, nous décidons de procéder à  une recherche systématique dans une zone comprise entre les parallèles 47° 16,- N et 47° 16,- N et entre les méridiens 02° 39,- W et 02° 39,- W. L’écartement des passes est fixé à 18 m. (10/1000 de minute de latitude). Dix huit passes d’environ 400 m, soit 7000 m linéaires utiles sont effectuées, mais suite à un mauvais réglage du Syledis, la position des contacts obtenus est entachée d’erreur. Après réglage du Syledis, 7 passes de recherche est/ouest sont effectuées dans la zone où des détections avaient été obtenues, puis 5 passes nord/sud de vérification; deux sites sont balisés :

F5 en 47° 16,- N; 02° 39,- W, 6 détections obtenues, avec une anomalie maximale de 140 nT pour une profondeur de 4 m. La bouée de marquage est posée sur un canon faisant partie d’un groupe de 8

F6 en 47° 16,- N; 02° 39,- W, 6 détections obtenues, avec une anomalie maximale de 500 nT pour une profondeur de 5 m. La bouée de marquage se trouve à 10 m dans le SW d’un groupe de 10 canons.

Le 9 septembre pendant que les relevés des deux premiers sites sont effectués par les plongeurs, les recherches magnétométriques sont poursuivies. Un troisième site (F7) est mis en évidence, mais, faute de temps, aucune plongée n’est effectuée. La position de F7 est 47°16,- N; 02° 39,- W, une anomalie maximale de 160 nT (sur 5 détections) a été détectées par fond de 6,5 m. Par ailleurs, plusieurs passage à proximité du site F6 permettent de se rendre compte que l’anomalie semble avoir deux pointes d’intensité, l’une balisée le 8 septembre, l’autre plus à l’Est d’une dizaine de mètre. Une plongée permet de retrouver à l’Est de F6, un site comportant 13 canons et une ancre. Après examen, nous identifions ce site comme celui qui avait été découvert au cours de la campagne 1991.

Description du site

Ce site qui occupe une zone d’environ 45mètres de long sur 22 mètres de large, comprend, pour l’instant, les éléments découverts au cours de la campagne 1991, le groupe de dix canons et plusieurs autres éléments découverts au cours de cette campagne. L’identification des canons découverts en 1991 a été rendue possible grâce à la présence de cordages amarrés aux canons, mais la corrélation a été rendue difficile en l’absence d’un relevé du site (qui n’avait pu être réalisé faute de temps) et du fait que les marquages mis en place avaient disparus.
Des 14 canons décrits en 1991 seuls 13 ont été retrouvés. Parmi ceux-ci, deux canons répertoriés ne constituent en fait que les deux parties d’une même pièce cassée en deux.
L’ensemble des canons retrouvés représente donc 22 pièces auxquelles il faut ajouter le canon non retrouvé cette année. Toutefois, il faut considérer que compte tenu, de l’abondance et de la densité des laminaires et du peu de temps consacré à l’étude du site, il n’est pas impossible que d’autres canons se trouvent à proximité.

Voir le détail des objets retrouvés sur le site

Identification du site

L’ensemble des observations recueillies aussi bien au cours de la campagne 1991 que pendant la campagne 1992 confirme la forte probabilité pour que ce site soit bien celui de la perte du vaisseau anglais de 64 canons HMS Essex.

Seuls deux naufrages de vaisseaux sont attestés sur le plateau du Four : ceux du HMS Resolution et du HMS Essex survenus au cours de la bataille des Cardinaux les 20 et 21 novembre 1759. Le problème qui se pose à nous, est de savoir auquel des deux bâtiments appartiennent les vestiges retrouvés.

Les indices qui permettent d’identifier les vestiges comme provenant d’une une épave anglaise : ancre, plombs de sonde et bouteille, ne permettent pas de répondre à la question. Cependant l’étude de l’artillerie qui établi la présence sur le site, avec une forte probabilité, d’une artillerie de 24, permet de trancher dans la mesure ou seul l’Essex portait ce type d’artillerie.

Description du site

Ce site situé à 100 mètres à l’ouest du site F6 par 4 m de fond comporte 8 canons. Un plan du site a été établi et les canons ont été mesurés. Cependant son étude est moins avancée que celle du site F6.
Ce site est couvert de laminaires, compte tenu de la profondeur réduite, la plongée y est plus pénible que sur F6.

Voir le détail des objets retrouvé sur le site

Identification du site

A ce stade, il nous paraît difficile d’identifier ce site sans un examen plus approfondi. Il serait en particulier aventureux de conclure que, malgré la proximité du site F6 (100m), les deux sites appartiennent à la même épave. On sait en effet que c’est en voulant porter secours au HMS Resolution déjà échoué sur le plateau du Four que l’Essex s’est lui même jeté sur le plateau. Il n’est donc pas impossible que les deux épaves soient proches l’une de l’autre.
 

Cette deuxième campagne de recherche sur le site du naufrage de l’Essex et du Resolution montre l’importance des vestiges conservés et aussi leur intérêt. Il est donc nécessaire de poursuivre l’étude des deux sites découverts et de poursuivre les prospection sur le Plateau du Four autour des sites déjà découverts.

Nous avons dès cette année travaillé avec M. Michael Walsh diplômé du « Scottish Institute of Maritime Studies », et nous pensons qu’il est souhaitable dans l’avenir de poursuivre ces recherches en collaboration avec les archéologues anglais.