Estuaire de la Loire – Un peu d’Histoire

Archéologie de la traite

Les campagnes de prospection magnétométrique dans l’estuaire de la Loire , se sont inscrites dans un programme général de recherche sur le commerce triangulaire qui se déroule la fois au Sénégal et en Martinique. Ce programme a reçu le label de la Décennie Mondiale du Développement Culturel de l’UNESCO et celui du programme les Anneaux de la Mémoire de la ville de Nantes, il a aussi reçu le soutien scientifique de l’URA 211 Sorbonne/CNRS, de l’Institut Fondamental d’Afrique noire (IFAN) et de l’Université des Antilles-Guyane. Dans ce cadre, les prospections visaient à retrouver les vestiges de navires de traite naufragés aux abords de l’estuaire de la Loire : d’une part les épaves de navires négriers naufragés dans le chenal d’accès à la Loire, maintenant baptisé Chenal du Ronfle : La Françoise (1739), Le Duc de Chatelet (1779) et L’Echange (1798) et d’autre part le Marie-Anne (1719) naufragé sur l’écueil de la Lambarde.

C’est au cours de cette campagne de recherche que furent retrouvées sur le Plateau du Four, les épaves de L’Essex et du Resolution, deux vaisseaux anglais coulés lors de la bataille des Cardinaux en 1759 et qu’une courte intervention sur une épave trouvée par A. Lorin en 1983 a permis d’identifier la frégate Hermione, naufragée  en 1793.

L’Hermione, commandée par le Capitaine de vaisseau Martin, est en station dans l’estuaire de la Loire depuis trois mois lorsque le 20 septembre 1793, elle appareille à destination de Brest pour escorter 12 bâtiments dont 2 « barques » remplies de 65 canons de 18 et de 36 en provenance des fonderies d’Indret. Le CV Martin a fait appel au pilote Guillaume Guillemin du Conquet en provenance du brick Phoenix qui est venu prendre la relève de l’Hermione.
Les ordres du CV Martin étant de prendre contact avec l’amiral Morard à Quiberon, il ordonne au pilote d’emprunter la route la plus directe qui fait passer le convoi entre la Pointe du Croisic et le plateau du Four.
A 18 heures 30 , par beau temps, vent modéré de NNE, le pilote échoue la frégate sur le Four à mi-marée descendante. Peu après, la cale est crevée et le navire se rempli d’eau. A basse mer le navire bascule et se couche sur tribord. La frégate est définitivement évacuée le 21 à 10 heures du matin. Une partie du matériel d’armement et l’artillerie seront débarqués par la suite.
Le CV Martin sera déclaré non coupable par le Conseil de Guerre.
Texte tiré du dossier rédigé par le Centre International de la Mer, La Fayette et l’Hermione, Rochefort, 1992.

- Procès verbal du naufrage de la frégate Hermione sur le Four :

« Aujourd’hui vingt septembre mille sept cent quatre vingt treize l’an 2ème de la République française une et indivisible, la frégate l’Hermione commandée par le citoyen Martin Capitaine de Vau est appareillé de Mindin dans la rivière de Nantes pour se rendre à Brest avec un convoy d’après l’ordre qu’il en avoit reçu du Ministre. Le 7 duduit mois le vent étant au NE petit frais le pilotte de la rivière quitta la frégate lorsqu’il fût en dehors de la roche le Charpentier. Il la remis entre les mains du citoyen Guillaume Guillemin pilotte cotié de la frégate et provenant du batiment le Phénix qui avait relevé l’Hermione à la station de Mindin. Le vent étoit du NE variable au NNE, nous étions au plus près tribord amures sous le petit hunier et le perroquet de fougue pour entretenir un convoy de 12 batiments que je devois mettre devant Brest. A 6 heures du soir on fit un relèvement. Le pilotte cotié y assista et ce fut lui même qui donna le nom des pointes qu’on ne connoissoit pas. A 6 h.1/4 un grand batiment du convoy qui se trouvoit derrière la frégate vira de bord. Je demandois au pilotte pourquoi ce batiment viroit et s’il y avoit du danger à craindre sous le vent. il me repondit que non. Dix batiments du convoi étoient de l’avant de la frégate. Lorsqu’on cria brisants sous le vent le pilotte assuroit que ce n’étoit pas des brisants mais la force du courant qui faisoit cet effet……frégate à la basse mer . 

A 8 heures du matin la mer se trouvant au 2/3 basse la frégate a donné de la bande dans un instant avec une vitesse incroyable et dans ce mouvement rapide et s’est crevé totalement le coté de tribord. J’ai continué à faire travailler à sauver tous les effets de conséquence qui se trouvoient possible et de les faires transporter à bord du chasse marée ou nous avons été prévenus que si les vents passoient à l’ouest avec force il serait possible dans la position ou se trouvoit la frégate qu’il périroit beaucoup de monde. A la basse mer la frégate nous a paru totallement crevé. L’équipage s’est décidé avoir de l’abandonner et a passé sur les chasse-marées qu’on nous avoient envoyé du Croisic. J’ai abandonné le batiment à 10 heures du matin le dernier avec le maître d’équipage qui a donné trois coups de sifflet pour s’assurer qu’il ne restoit plus personne à bord. Je n’ai que le meilleur témoignage à rendre de l’Etat Major et des principaux maîtres et de tout l’équipage qui se sont tous portés avec le plus grand zèle la plus grande activité à exécuter les ordres que j’ai donné jusqu’au moment ou nous avons abandonné la frégate.

On ne peut attribuer qu’a l’ignorance du pilotte costié la perte de la fregate qui paroit infaillible. Malgré tout ce que j’ai pû lui dire il m’a donné toutes les raisons qu’il setoit trompé et qu’il ne se croyoit pas aussi près du Four. Je l’ai amené à terre avec moi et l’ai remis entre les mains du juge de paix avec une dénonciation par écrit par laquelle je demande que ce pilotte soit intérogé publiquement devant tout mon équipage et le public du Croisic, afin qu’il soit constaté juridiquement que c’est par sa faute seulement que la frégate a été mise à la côte. En foi de quoi, nous avons clos et arrêté le procès verbal signé du nom de l’Etat-major et de ceux de l’équipage qui savoient écrire »…

Embarquement

La Fayette s'embarque à Rochefort sur la frégate l'Hermione après 38 jours de navigation, il débarque à Boston et rejoint le Général Washington.

21
Mars
1780
Naufrage

A 18 heures 30, par beau temps, vent modéré de NNE, le pilote échoue la frégate sur le Four à mi-marée descendante. Peu après, la cale est crevée et le navire se rempli d'eau. A basse mer le navire bascule et se couche sur tribord.
La frégate est définitivement évacuée le 21 à 10 heures du matin. Le CV Martin sera déclaré non coupable par le Conseil de Guerre.
Texte tiré du dossier rédigé par le Centre International de la Mer, La Fayette et l'Hermione, Rochefort, 1992.

20
Septembre
1793
Intervention du GRAN

Le GRAN a réalisé une campagne de prospection magnétomètrique dans les atterrages de la Loire et après avoir localisé l'épave présumée de l'Hermione a procédé à son identification.

Sept-Août
1992

- Recherches historiques effectuées en Angleterre par Michael J.K. Walsh :

Rapport intitulé « Preliminary archival research concerning the British XVIIIth century 3rd rates Essex and Resolution, 1992 ».

L’Essex est un vaisseau construit dans le chantier naval de Blackwall par H. Johnson en 1679, ses dimensions à la construction sont les suivantes :

Le bâtiment était armé de 62 canons mais armé en guerre il portait 70 canons. Son équipage de 300 hommes pouvait atteindre de la même manière en tenue de guerre de 380 à 460 hommes.
Il participe à son premier combat naval, la bataille de Barfleur, du 19 au 24 mai 1692, sous les ordres de son troisième commandant, le capitaine de vaisseau J. Bridges.
En 1700, il est refondu dans le chantier naval de Rotherhithe par J.& R. Wells. A sa sortie de refonte ses dimensions sont les suivantes :

L’armement est de 70 canons et l’équipage de 446 hommes.
L’Essex participe alors, sous les ordres du C.V. J. Hubbard, aux opérations de Cadix avec l’escadre de l’Amiral Rook, puis avec l’escadre de l’Amiral Shovell à l’attaque de Vigo. Dans la même escadre il participe le 23 juillet 1704 à l’attaque de Gibraltar et le 13 août de la même année à la bataille de Malaga. Il laisse la Méditerranée en 1711 et subira une nouvelle refonte à Chatham entre 1713 et 1714.
Réarmé en 1715, sous les ordres du C.V. Charles Strickland, il navigue en Baltique puis de nouveau à partir de 1718 en Méditerranée, sous le commandement du C.V. R. Rouzier, il s’illustre alors dans son combat contre la Junon le 11 avril 1718 à la bataille du cap Passaro.
Il navigue ensuite dans les eaux anglaise jusqu’en 1736, date à laquelle il entre dans le chantier naval de Hayward à Woolwich pour y subir sa troisième refonte. Cette refonte dure 4 ans, du 20/5/1736 au 21/2/1740, et les dimensions du vaisseau sont de nouveau modifiées :

L’ armement est de 70 canons et équipage de 480 hommes.
En 1741 l’armement est réduit à 64 canons. En 1758 il comporte 26 canons de 24 à la batterie basse, 26 canons de 12 au second pont, 10 canons de 9 courts et 2 canons de 9 longs sur les gaillards.
Dès juillet 1741 l’Essex gagne la Méditerranée et sous les ordres du C.V. Nathaniel Robinson il participe à la bataille de Toulon le 11 février 1744. Il restera 10 ans en Méditerranée puis regagne l’Atlantique.
En 1755 sous le commandement du C.V. Robert Harland, dans l’escadre de l’Amiral Boscawen il capture un navire malouin. Le 7 avril 1758, commandé par le C.V. J. Campbell, dans l’escadre de l’Amiral Cornish, il capture la frégate Galatée et un transport du convoi qu’il attaque. Puis sous le commandement du C.V. R. Darvil il participe à l’attaque de St-Malo le 5 juin 1758 et de Cherbourg le 7 août de la même année.
C’est dans l’escadre de l’Amiral Hawke, sous les ordres de son 24ème et dernier commandant, le C.V. Lucius O’Brien, qu’il participe à la bataille des Cardinaux (Quiberon Bay) le 20 novembre 1759 et qu’il s’échoue le lendemain sur le plateau du Four.