Pour ceux qui veulent connaître la vie quotidienne des « porteños », les habitants de Valparaíso, il faut gravir les « cerros » (collines) escarpées qui entourent la baie. Si la ville a été construite à l’origine sur le rivage même où on travaille, on s’amuse et on s’agite, c’est surtout dans les « cerros » que les gens vivent.
Chacun de ces « cerros » porte un nom : Alegre, Concepción, Bellavista, San Juan de Dios, Floride, Barón, Polanco, Artillerie … il y en a plus de trente ! Les rues qui montent vers les sommets sont bordées de petites maisons modestes, recouvertes de tôles ondulées, mais toujours peintes de couleurs gaies. Les quartiers sont calmes et il est facile d’établir le contact avec les gens et de parler sans complications de tout et de rien.
Les ascenseurs, qui permettent d’atteindre les collines, font partie de l’identité de la ville et en sont l’image la plus représentative. Il y en a une bonne quinzaine, chacun aussi porte un nom : Baron, Joyeux, Saint-Esprit, Reine Victoria, Conception… Les installations sont anciennes et datent de la splendeur de Valparaiso. La construction de l’ascenseur Concepción remonte à 1883, et si la cabine et les essieux grincent et vibrent, effrayant les plus craintifs, de mémoire de « porteño », il n’y a jamais eu d’accident.
Les tarifs sont modestes, 120 pesos (20 centimes d’euro) pour monter, 100 pour descendre. La différence s’explique sans doute par le fait que le poids des passagers qui descendent, permet de faire monter ceux qui montent.
Le cerro le plus coloré est, sans aucun doute, Bellavista ; on y monte par l’ascenseur Espiritu Santo pour parvenir à un véritable musée en plein air, où des compositions des peintres chiliens les plus célèbre, comme Roberto Matta, ont été reproduites sur les murs des maisons par des étudiants de l’Institut de l’Art de l’Université Catholique de Valparaíso.
Le plus intéressant est la compétition entre les propriétaires, c’est à qui reproduira le peintre le plus renommé, Peu importe où se porte le regard, des œuvres d’art se nichent sur tous les murs.
Dans les rues, entre l’alignement des maisons, la vue s’envole vers le port. C’est sans doute à ce regard perpétuel d’oiseau de mer, qu’est venu aux « porteños » le goût des grands espaces maritimes.
