Golfe d’Aigues-mortes – Un peu d’Histoire

Contexte

Au XIIe siècle, les puissances maritimes de la Méditerranée, comme Gênes et Pise, se disputaient le contrôle des routes commerciales et maritimes. En 1166, un affrontement majeur illustre ces rivalités : une flotte de 31 galères pisanes attaque et incendie cinq grands navires génois, appelés « naves magna », près du Grau de Melgueil. Ces navires, probablement vides à ce moment-là, symbolisaient la puissance maritime génoise, et leur destruction marqua un épisode clé dans les luttes d’influence de l’époque.

Cette bataille navale ne se limite pas à un simple affrontement entre deux cités rivales. Elle s’inscrit dans un contexte politique plus large, marqué par le conflit entre le pape Alexandre III et l’empereur Frédéric Ier Barberousse. Ces deux figures s’opposaient pour le contrôle de l’Europe chrétienne, et les cités maritimes comme Gênes et Pise jouaient un rôle crucial en fournissant des flottes pour soutenir l’un ou l’autre camp. Ces rivalités reflétaient l’interconnexion entre les ambitions politiques et les guerres commerciales.

Les navires génois du XIIe siècle, notamment les nefs, étaient essentiels dans ce contexte. Ces grands navires, ronds et robustes, étaient conçus pour répondre aux besoins à la fois commerciaux et militaires. Capables de transporter des centaines de passagers ou des cargaisons massives, les nefs représentaient de véritables « villes flottantes ». À cette époque, elles se distinguaient par leur coque renforcée, leurs mâts gréés de voiles latines, et souvent la présence de châteaux à l’avant et à l’arrière. Leur lenteur était compensée par leur capacité à garantir une traversée sûre et stable, que ce soit pour des croisés ou des marchands.

Les galères pisanes, en revanche, étaient plus légères et adaptées à la guerre. Longues d’environ 40 mètres, elles combinaient rapidité et maniabilité, ce qui les rendait redoutables dans les batailles navales. Ces différences structurelles expliquent en partie la victoire des Pisans lors de cet affrontement de 1166.

Par ailleurs, le XIIe siècle est une période de transition dans la construction navale. Les innovations technologiques, comme l’ajout de ponts saillants ou l’usage de palans pour manipuler les avirons de gouverne, témoignent de l’évolution des conceptions maritimes. Les navires génois continuèrent à évoluer pour répondre aux besoins croissants des croisades et du commerce en Méditerranée, tout en renforçant leur rôle stratégique dans les conflits de l’époque.

Frise chronologique

Destruction

Une flotte de 31 galères pisanes attaque et détruit cinq grands navires génois ("naves magna") au Grau de Melgueil.

Cet événement s’inscrit dans le contexte de la rivalité entre le pape Alexandre III et l’empereur Frédéric Ier.

1166
Construction

Début des travaux de la tour penchée de Pise, avec des bas-reliefs illustrant les navires de l’époque.

1173
Suspension

Suspension des travaux de la tour penchée de Pise après la construction du troisième étage, fournissant des témoignages iconographiques sur les navires du XIIe siècle.

1178
Innovation

Les navires génois se distinguent par leur variété :

  • Nefs : Grands navires ronds avec une capacité de transport pouvant aller jusqu’à 1 000 tonneaux, utilisés pour les croisades et le commerce.
  • Galères : Navires longs et rapides, adaptés aux batailles navales.
  • Usceres : Navires spécialisés pour le transport de chevaux, équipés de cales modifiées et d’une proue ouvrante.

Introduction de techniques innovantes comme le renforcement des coques, l’utilisation de palans pour la gouverne, et l’ajout de ponts saillants.

au
XIIe siècle
Analyse

G. Pistarino reprend et analyse les récits historiques des Annales de Pise, décrivant l’attaque des navires génois par les Pisans.

1964
Reconstitution

Le Science Museum de Londres réalise une maquette d’un navire génois du XIIe siècle, inspirée des descriptions et iconographies historiques.

1929
Missions

L'équipe du GRAN est mandatée pour rechercher les épaves de cinq navires génois coulés au large du Grau de Melgueil. Cette mission comprenait également l’établissement d’une carte magnétométrique de la zone, la réalisation de sondages sur les anomalies détectées et des carottages, en collaboration avec Benoît Devillers (Université de Montpellier), afin de tenter de localiser l’ancien Grau de Melgueil.

2016
-
2019