Le carnet de la mission 2013 [ordre chronologique inversé]
- Page d'accueil
- La dernière lettre du dimanche
- La lettre du dimanche n°4
- La lettre du dimanche n°3
- La lettre du dimanche n°2
- La lettre du dimanche n°5
- Tromelin :: La mission 2013
- Dernière ligne droite
- La veille du départ
- Préparatifs d'avant le retour
- Le temps des comptes
- Le sable reprend ses droits
- Dernier jour de fouille avant de tout recouvrir
- La tradition a la dent dure
- De découvreurs en charbonniers
- Une pierre taillée, nouvelle énigme
- Une pièce trouvée, une énigme
- Avant-dernière ligne droite
- Equinoxe
- Toujours plus loin
- Une couche archéologique attire notre attention
- Tournage en cours
- Le passage des baleines
- Un inventaire toujours plus étoffé
- Vous avez dit "vendredi 13" ?
- De surprise en découverte
- Nouveau secteur de fouille
- Soucis électriques, os de tortue
- Le temps d'un premier bilan
- Amorce de la 4ème semaine
- Le travail routinier bat son plein
- Une journée ponctuée de surprises
- Un inventaire conséquent !
- Un nouvel ustensile au milieu des restes
- Deux jours bien agîtés
- Une histoire de fous
- Os et ferrailles en pagaille
- Doutes et pistes à explorer
- Le dernier chant du cocotier
- Les fouilles prennent leur vitesse de croisière
- Une nouvelle histoire d'oiseaux
- La seconde semaine commence
- Première journée de repos
- Première déception mais les fouilles continuent
- Oiseaux et vestiges
- Après une nuit agîtée, le travail commence
- Tromelin 2013 - C'est parti !
- Communiqué de presse - Juillet 2013
Le mercredi est le jour des croissants. Mis au four par Jean-Michel au petit matin, l’alizé porte leur parfum jusqu’à la case malgache et aux trois tentes, incitant les dormeurs à se mettre sur pied.
Aujourd’hui pourtant le réveil est paisible, car ce n’est pas vers pelles et pioches que chacun va se diriger, mais plutôt vers des tâches de classement, d’enregistrement et de rangement, de mise en forme aussi des résultats, en prévision de la conférence de presse de samedi prochain.
Lauren filme une dernière fois les objets avant qu’ils ne disparaissent dans les caisses d’emballage et fait ses dernières interviews.
Chacun se rend compte que le travail quotidien a laissé moins de place que prévu au vagabondage dans l’île, d’autant que les deux derniers dimanches, très pluvieux, n’ont pas incité à la promenade. Chacun fait le plein d’images, respire l’alizé à pleins poumons, remplit sa mémoire auditive du bruit du vent et de la mer, exercice particulièrement salutaire aujourd’hui car une houle puissante déferle sur le rivage.
Thomas met la dernière touche à la topographie des lieux et, malgré l’état de la mer, envoie Jean-François poser la mire du théodolite sur les canons de l’Utile qui se trouvent près du rivage.
Mais comme la marée est haute, Jean-François en est quitte pour un bon bain.
Ces canons sont arrivés là avec la partie avant du navire qui s’est détachée du reste de la coque lors du naufrage de l’Utile.
Assis sous les branches d’un grand veloutier que nous avons connu resplendissant au cours des campagnes précédentes, mais qui aujourd’hui ne dresse plus que des branches mortes engluées de guano, je décris devant la camera de Lauren les dernières heures de l’Utile. Ces moments tragiques relatés par Hilarion de K’audic, l’écrivain du bord, et dont nous avons retrouvé la trace au fond de la mer, malgré le désordre indescriptible qui résulte d’un naufrage.
Nous pensons aussi aux esclaves malgaches prisonniers de la cale dont les panneaux ont été cloués par crainte d’une révolte. Ils ne peuvent en sortir que lorsque la coque se disloque, alors qu’autour d’eux tout s’effondre. Les voici dans la nuit, eux gens des hautes terres qui n’ont jamais vu l’océan, au milieu du tumulte de la mer qui déferle, des mouvements désordonnés du navire, du hurlement du vent. On imagine l’effroi qui les saisit alors.
Près de soixante-dix d’entre eux y perdrons la vie.
Max Guérout