Tortues et premières découvertes

Mercredi, 11 Octobre 2006 00:00 |

Écrit par Max Guérout |

- Tortues et premières découvertes -

Pointe nord de l'île
Crédit photo : Jean-Marie de Bernardy de Sigoyer

Pendant la nuit le vent a un peu diminué et le fracas des vagues qui se brisent sur la plage a lui aussi baissé un peu d'intensité. Tout le monde s'est adapté au rythme de vie sur l'île, levé de bonne heure chacun est attiré vers les plages.
J'y croise l'un des "aides-météo" qui effectue comme chaque matin son inspection des traces laissées par les tortues venues pondre en haut de la plage.
A la pointe nord de l'île, j'en ai compté cinq.
Lorsqu'elles montent péniblement la plage, les tortues laissent une trace continue qui ressemble à celle des chenilles d'un char d'assaut.
Au nord-est de la pointe on aperçoit deux tortues luth ballottées par les déferlantes.

Le petit déjeuner pris, toute l'équipe est réunie pour un premier "briefing". Maintenant que le gîte est assuré, il faut déballer le matériel et le ranger, déconditionner les moteurs hors-bord et les faire tourner dans un bac rempli d'eau douce, monter l'embarcation pneumatique et la gonfler, charger les batteries des radios VHF, des GPS, des deux détecteurs de métaux, trouver une place pour chaque chose…

Pendant que toute l'équipe s'affaire, Sudel Fuma m’accompagne pour essayer de voir s'il est possible de localiser les emplacements indiqués sur les cartes manuscrites dessinées par les marins de l'Utile.

En effet, sur ces cartes sont figurés différents emplacements, comme celui du puit creusé par les naufragés, celui du campement des marins français, du campement des malgaches, du four construit pour cuire du biscuit, du chantier de construction du navire de fortune, et celui de la forge.

Carte manuscrite
Crédit photo : BN

Pour cela Joël Mouret, le météorologue qui est à l'origine de toute cette aventure, nous a permis de dessiner une carte précise de l'île : profitant d'une de ses missions sur l'île, il a parcouru le rivage en relevant de proche en proche des positions avec son récepteur GPS.

A l'aide des positions mesurées, j'ai dessiné un contour de l'île qui s'est révélé très proche de la carte officielle puis, les emplacements figurant sur les cartes manuscrites ont ensuite été reportés sur cette carte.
Nous disposons donc d'une position géographique de ces lieux et il s’avère maintenant nécessaire d'aller vérifier ces emplacements pour savoir si les positions que nous avons obtenues sont suffisamment précises pour nous permettre de trouver des traces laissées par les naufragés.

En partant de l'extrémité nord de la piste d'aviation, nous nous dirigeons vers la position du four, le GPS indique que nous approchons, le sable est parsemé de trous creusés par les tortues pour y enfouir leurs oeufs.
Nous sommes encore à une quinzaine de mètres de la position indiquée quand une première brique apparaît. Un grand nombre d'autres fragments de briques sont éparpillés aux alentours, déterrés par les tortues : pas de doute, nous sommes bien au bon endroit.
A la satisfaction de trouver l'un des lieux symboliques du séjour des naufragés, s'ajoute celle de voir que notre méthode a fonctionné et que nous pourrons donc localiser les autres lieux de la la même manière .

Nous nous dirigeons ensuite vers les zones du campement des malgaches, puis de l'équipage, ce sont des zones plates en retrait de la plage. La zone du campement des malgaches comporte plusieurs tumuli.
Au cours de l'après-midi, un premier sondage est entrepris par Thomas Romon sur l'emplacement du four.

Sondage du site du four
Crédit photo : Jean-Marie de Bernardy de Sigoyer

Un grand nombre de fragments de briques sont mis au jour ainsi que plusieurs longs clous de fer provenant sans aucun doute de l'Utile dont on aperçoit l'ancre émergeant de l'écume quelques dizaines de mètres en contrebas.
Nous continuerons demain le sondage sur cette zone que les tortues ont beaucoup creusée.

Pour toute l'équipe, cette première découverte inattendue est accueillie avec joie.

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