Bataille de Scarborough

P.V. de perte du Glorieux

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Archives Nationales Marine B47 f° 383-389 v.

Procez Verbal de la perte du vaisseau du Roy le Glorieux 27-4
(f° 383) Sur l'ordre par escrit quy m'a esté donné par Mr le Vice Admiral de la manière que les vaisseaux du Roy ont estez brullez echouez et abandonnez a Tabac. J'ay Chevallier Darbouville major a la suitte de l'escadre ayant sceu que le sieur de Mericourt capitaine du vaisseau l'Emerillon pour prendre desposition de la manière que ledit vaisseaux a esté bruller au combat randu contre les hollandois randu dans la rade de Tabac le troisième mars 1677. A dit après serment fait par le dit sieur de Méricourt de dire vérité. Que suivant le résultat du conseil du deuxième mars mil six cent soixante dix sept nous appareillames le landemain a six heures du matin pour aller suivant l'ordre de bataille donné par monsieur le Viceadmiral attaquer les ennemis dans la rade au port de Tabac. L'on estoit convenu qu'en aprochant les ennemis sy l'on remarquer qu'ils fissent un grand feu et durée se seroit une marque qu'ils seraient fors d'équipages. En se cas qu'il failloit aborder chascun le sien afin d'assurer la victoire par ce que en entrant dans un lieu comme celuy-la dou lon ne peut resortir qu'a la toué pendant demy lieux il falloit vaincre ou y mourir. Et sy les ennemis tiroient lentement se seroit une marque qu'ils seroient faibles en ce cas il faudrait mouiller le mieux en ordre que l'on pourroit a une portée raisonnable pour les canons et ensuite leur envoyer le bruslot, ayant donc remarqué (f° 383 v) allant aux ennemis que leur canons allait comme de la mousqueterie et que le seul bruslot que nous avions avoit éschoué sur les rochers a moitié chemin l'on prist la partie d'aborder. Le Marquis aborda le premier. Je demandé a Monsieur le viceadmiral auquel il luy plaisait d'aller et il me répondit au troisième quy me paroist le plus gros et affin de lesser les deux autres aux cinq navires quy nous suivoient. Je luy mené et posé le grapin d'abordage sur son estaye de missaine. En essuyant un feu sy violent qu'avant que d'avoir tiré un coup de pistolet nous eumes plus de quarante hommes tuez ou blessez. L'abordage esté fait et l'ancre mouillé a mesme temps ainsy que je commandé au maistre du vaisseau, augré de Monsieur le Viceadmiral, ainsy qu'il m'a fait l'honneur de me temoignez depuis et a monsieur Pastoullet et a quelques autres. Les ennemis furent mené sy viste par les nostres qu'a moins d'un quar d'heure nous en fusmes les maistres. Monsieur le Chevallier d'Hervault le lieutenant prisonnier et le fit entrer dans le glorieux par un sabord le sieur delisle envoya le pavillon de la prisse a Monsieur le Viceadmiral. La joye de l'équipage fut sy grande qu'ils crièrent plusieurs fois Vive le Roy ensuitte ayant remarqué qu'un vaisseau nous cannonant brusloit sur l'avant de la prisse il y metoit le feu. L'on travailla a y jetter de l'eau pour (f° 384) l'estaindre et abord du Viceadmiral a coupper la marre du grapin d'abordage pour desborder et s'en escarter. L'on remarqua aussytost que le feu s'alumoit a deux autres endroits dans les galleries de la prisse ce quy obliga Monsieur le Viceadmiral de commander au Cap (...) et masthelos d'aller coupper les amarres de ce navire afin qu'il s'escarta de nous, d'un autre costé il faisait prandre un boutehors pour defier un autre navire quy brusloit au vent de nous, et pour le faire avec plus de facillité il restoit encore deux cargues de la missaine car les autres estoient coupées. Je les faisois carguer afin d'avoir du jour pour séparer plus facillement du navire quy brusloit et le pousser au large, dans le mesme temps le maistre m'avertit qu'un coup de canon avoit coupé nostre cable et que nous allions tombér sur celuy quy brusloit soubs le vent. Ce quy m'obligea de faire aussytost Couper labosse d'un grand ancre et de la mouiller et ensuitte une segonde pour plus de sureté. Nous ne pumes sependant nous esloigner de ce vaisseau que de deux ou trois brasses par ce qu'il eschoua. Le terrain estoit fort ecore et plain de rochers d'un autre costé le feu reprit au beaupré du Glorieux car il y avait déjà pris une fois que l'on avoit estaint et comme je passois devant pour le faire encore estaindre et achever de carguer la misaine avec partie des gens de monsieur le Viceadmiral et quelques soldats afin de se parer du feu du vent et de celuy desous levent. (f° 384 v) Le feu de la prisse qui estoit tout embraséez prist a ses poudres avec tant de violence qu'elle démenbra tout le derrière du Viceadmiral le couvrit d'eau et de plusieurs pièces de bois en flames jusque dans les hunes ce quy fit que le vaisseau se trouva en peu de temps tout en feu. Monsieur le Chevallier d'Hervault monta en haut et me dist que partie des bos de la segonde batterie estoient tombés sur la première par la viollance du feu des poudres du navire quy venois de sautter et qu'il pensa y demeurer, Tellement que nous voyant sans espérances de pouvoir sauver le vaisseau et me voyant blessé d'éclats je ne songé plus qu'à chercher Monsieur le Viceadmiral que je croyoit mort, je trouvé enfin le travers du grand mat a l'eschelle sans chapeau ny perruque blessé d'eclats a la teste et tout couvert de sang environné de beaucoup de mathelots et de soldats quy apeloit une chaloupe pour se sauver du feu et de l'eau. Je le prié de partir de la par ce que toutte cette populace le pourroit faire neyer s'il venoit une des quelques chalouppes a son secour. Nous allasmes a la poulaine et appersevant un petit canot ennemy a la derive Monsier le Viceadmiral commanda au sieur Bertié garde de la Marine de se jetter a la mer et de l'aler querir ce qu'il fit, ensuitte. Monsieur le Viceadmiral accompagné de Messieurs les Chevalliers d'Hervault, d'Arbouville parmi quelques autres et moy estant descendus dans le canot par (f° 385) l'avant du vaisseau Monsieur le Viceadmiral me comanda de gouverner a nos vaisseaux pour voir ce quy s'y pasoit et donna ses ordres en faisant pourtant le tour des deux gros ennemis quy restoient encore lesquels nous ayant apercus nous tirèrent neuf ou dix coups de canon un desquels coulla notre canot bas et blessa Monsieur le Chevallier d'Ervault au pied. Dans cet estat moitié a la nage et moitié dans ce canot plain d'eau nous gaignaismes a terre ou nous trouvasmes quantité de mathelots ennemis quy nous demandoient bon cartier. Nous leur donnames de bon coeur n'ayant aucune arme et dans la crainte d'estre fait prisonnier par ce que le Fort n'estoit pas pris. Un autre hazart nous retira de la peu de temps après et assés fassillement par ce que nous estions les maistres de la mer et il n'y avoit plus que le fort quy tiroit sur nous.
Signé Mericourt.

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P.V. de perte du Marquis

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Archives Nationales Marine B47 f° 397-400 v.

Procez Verbal de la perte du vaisseau du Roy le Marquis 27-3
(f° 397)Il est ordonné ausieur chevallier Darbouville faisant la charge de Major a la suitte de cette escadre, D'Informer Incessament aussy tost qu'il pourra le faire comoddement De la manière Dont chasque Vaisseaux de sa Majesté a esté brullé Dans la Radde de Tabac Eschoué a la coste ou abandonné par les officiers et fait a la Grenade le Mardy seizième Mars 1677. Signé le Comte Destrée & plus bas par Monseigneur Pinottey.
Suivant lordre cy dessus mensionnées et pour son exécution Je me suis transporté abord de L'Esmerillon vaisseau du Roy ou ayant rencontré Le sieur Comte d'Aunay Enseigne du vaisseau du Roy Le Marquis pour donner la déclaration de la Manière que le vaisseau c'estoit accostée dans le port de Tabac au combat donné le troisième Mars 1677. A respondu après serment par luy fait de dire vérité Que Environ sur les dix heures du matin ayant abordé un vaisseau ennemy de trente huit pièces de canon Il seu seroient rendus Maistres après avoir Combattu L'espée a la Main une demye heure de temps et obligé lapluspart des Ennemis du Vaisseau de çe jetter a fond de calle oû ils auroient clouées les Escoutilles sur eux, et Remontant en haut pour donner des ordres au Vaisseau & tirer sur les autres; ils auroient veu mettre le feu aupetit hunier par un bouller rouge Tiré du fort. Ce que voyant il auroit opposé tous les soins possibles pour y remedier. Mais le Vaisseau Le Marquis Estant tombé sous le vent des ennemy, son cable ayant esté coupé Il n'auroit peu Empescher que le feu ne sy communiquas Le vent estant (......) a du (..........).
(f°397 v) Encore que lorsque le feu feu au van de l'ennemy il auroit avec quelques soldats enfoncé laporte de sa chambre et trouvé le Cappitaine sur son lit blessé et le pistollet auprès de luy, auci naurois point abandonné le Navire Ennemy qu'il neu veu les deux Vaisseaux En feu après quoy Il cestoit jetté ala Mer pour se salver. Nous a céclaré scavoir Rien de plus et a Signé La déposition feu abord du Vaisseau du Roy L'Esmerillon le Vingt Troisième Mars 1677". Aussy signé D'aunay.
Interrogé le Nommé Paquinet (...) Pillotte seur le Navire Le Marquis A donner sa desclarasion üeur La perte du Vaisseau quy cest brusllé Dans le port de Tabac au conbat donné Le Troisième Mars 1677. A respondu que il avoit abordé , Navire hollandois après avoir tiré leur bordée et que partie de l'Esquipage du Marquis ayant sauté a Labordage l'enseigne Comte Daunay a leur teste et ce seroient rendeus Maistres & qu'environ une heure après un bouller rouge venant du costé de la Terre mu le feu aupetit hunier dut Vaisseau ennemy et qu le Vaisseau le Marquis ayant esvitté L'un ne peu Empescher que le feu du vaisseau Ennemy Ne sy Communiquas. A desclaré & a signé la desposition, fait abord de l'Esmerillon le vingt Troisième Mars 1677" Aussy signé Paquinet.
Interrogé le sieur de Moriène Capitaine Dans le Vaisseau du Roy Le Marquis (f° 398) üeur la perte du Vaisseau a Respondu que il avoit sautté avec le Sieur Compte Daunay a Labordage du Vaiseau hollandois et qua pres s'estre rendu Maistres des Ennemis et cloué les Escoutilles du fond de calle ou laplus pare s'estoient jettés, Ils seroient revenus dans la chambre du capitaine ou ils Lauroient trouvé sur son lit qu'ensuitte estans revenus sur le pont ils auroient veu le feu dans lepetit hunier et des gens quy estoient pour l'esteindre et quil ne savoit pas comme il avoit esté meu. A desclaré ne scavoir austre chose et a signé La Desposition fait abord du Vaisseau du Roy l'Esmerillon Le mesme jour que dessus aussy signé De Morienne.
Interpellé Le sieur Germon grade le la Marinne servant sur le vaisseau du Roy Le Marquis sur la pert e du Vaisseau A Respondu après serment de dire vérité Que il avoit veu le vaisseau le Marquis aborder un Vaisseau hollandois ou il n'estoit point sauté, le sieur Lezine luy ayant deffendu et qu'une demye heure après a Vu lefeu aupetit hunier du vaisseau Ennemy quy prenoit fort viste et l'ayant veu se communiquer au Vaisseau le Marquis, il auroit esté en bas pour advertir le sieur Delezine quy y estoit pour donner quelques ordres. Il montoit ou il estoit pour y remedier et Voyant le feu Sogmanter Considerablement (f° 398 v) Suis jetté ala Nage pour me sauver et Desclare Ne scavoir autre chose et a signé ma (sic) Ditte Desclaration. Fait abord de l'Esmerillon Le vingt troisième Mars 1677.
Interrogé jacques Taissier Mtr (Maistre) du Vaisseau du Roy Le Marquis Seur laperte du Vaisseau quy a esté brullé dans le port de Tabac au combat donné le Troisième mars 1677. A respondu Que il avoit abordé le Vaisseau hollandois Nommé Laidin (le Leyden) D'environ de quarante six pièces de canon. Seur les neuf heures du matin adit avoir Veu Sauter abord du Vaisseau Ennemy Le Sieur Comte Daunay acompagné D'Environ Trente Cinq homes. A dit avoir veu le feu au Vaisseau Ennemy Sur le Chasteau Devant, adit avoir fait couper le cable du Vaisseau le Marquis et quensuitte le feu gaigna leur Mizaine estant soubs levent de l'ennemy et a déclaré ne scavoir autre chose et a signé sa desclaration feu abord du vaisseau du Roy le Gasland Le vingt troisième Mars 1677" aussy signé Jacques Tessier ".
Interpellé le Nommé Jean ausan second pislotte du Vaisseau du Roy Le Marquis Brullé dans le port de Tabac au Combat donné "Le troisième mars 1677" de la Connoissance quyl pouvoit avoir de Linsendie dese vaisseau, a Respondu après serment de dire vérité que Environ sue les neuf heures du matin ayant (f° 399) faict porter dans le Port avec les Deux huniers et la Missaine Lesieur Delesine Commandant le Vaisseau & Se Voyant Prosche du Vaisseau Ennemy D'environ De quarente quatre ouquarente six pieds (....) ordonnant au Desposant de Pousser labarre alautre bord pour aborder le Vaisseau Ennemy (.....) D'Environ Trente quatre ou Trente six hommes quy se rendirent Mtr (Maistre) de la chambre ou ils trouvèrent le capitaine & le Lieutenant que le Capitaine fut tué dans son lit et que Cestant Saisy du lieutenant pour l'amener Prisonnier, Le Lieutenant fut tué en voullant passer abord du v[aisseau] Marquis, Interogé commant le feu avoit pris dans le vaisseau des hollandois et comme le Vaisseau le Marquis avoit esté brullé, a Respondu Que les ennemis üe voyant perdu avoient coupé leur Cable et par ce moyen meu le Marquis soubs le Vent deluy et quepeu de temps aprest il avoit veu le feu Sur le Chasteau Devant du v[aisseau] hollandois quy Incontinant Gaigna a la missaine et le beaupré du vaisseau du Roy Le Marquis et cest tout ceque le Desposant desclare avoir Connoissance, fait abord du Vaisseau du Roy Le Gallant Le Vingt Troisième mars 1677.
Collationné aux Minutes Dessceusées (.......) Le vingt neuf mars 1677
Chev Darbouville

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