La famille des Lomellini
Le GRAN


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Le chef de la lignée des Lomellini, Vassalo Lumello, originaire de Lombardie aurait été un bâtard du comte Meda.
On sait peu de choses de lui, sinon qu'il fut consul à Gênes en 1197.

Sans doute pour faire oublier ses origines, il eut une descendance, en particulier ses cinq fils, dont la conduite exemplaire et la fidélité devint bientôt proverbiale, puisque Boccace en porte témoignage dans la seconde journée de son Decameron.

Cette vertu affichée est aussi un investissement qui permet à la famille de créer un réseau dense de relations à travers ses alliances avec la noblesse : les Gonzagues, les Del Caretto, les Anguisola.
Il se développe parallèlement un réseau de relations qui s'appuie sur de nombreux comptoirs maritimes et commerciaux : d'abord marchands, puis armateurs, ils finissent par être banquiers. Leurs relations leur permettent d'obtenir des privilèges.

 


Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Les 4 vertus des Lomellini -


"Allégorie des 4 vertus"
Sebastiano Conca
( Gaeta 1680-1764, Rome)
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La tempérance La prudence
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La justice La détermination

Au XVe siècle, Marco Lomellini obtient du roi Alphonse V d'Aragon le monopole du commerce du liège dans tout le royaume. Ambrogio, qui réside à Nantes, y a l'exclusivité du commerce du cuir irlandais et du sucre que deux autres Lomellini, Urbano et Battista, produisent dans l'île de Madère.

Très avisés, ils concentrent leurs activités sur des produits très demandés :

- le mastic tiré de la sève du lentisque. Celui qui est produit à Chio est particulièrement recherché pour sa consistance, car il sert à fabriquer une pâte à mâcher très prisée à une époque où l'usage immodéré de l'ail et de l'oignon rend les haleines redoutables : "du marin qui cherche à éloigner le scorbut à la demoiselle".
- l'alun, indispensable pour la teinture des textiles, qu'ils vont aussi chercher à Chio pour le distribuer dans toute l'Europe.

C'est le commerce de ce genre de produit pondéreux et relativement bon marché qui justifie l'emploi des grandes "naves" génoises, capables d'effectuer leur transport sans rupture de charge depuis Chio jusqu'en Europe du Nord Ouest.

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Au début du XVIe siècle, on trouve la trace de nombreuses nefs des Lomellini. En 1494, Angelo et Pasquale affrètent à Charles VIII leurs deux nefs lors de la première expédition des Français contre le Royaume de Naples. En 1499, lors de la première bataille de Navarin-Lépante livrée aux Turcs, une Lomellina de concert avec la Bozella transporte des renforts. En 1501, une Lomellina arbore le pavillon amiral de Philippe de Clèves, Duc de Ravenstein, lors de l'expédition menée par Louis XII contre Mytilène. Au retour, le 25 novembre, la nef fait naufrage sur l'île de Cythère et nous devons à Jean d'Auton, chroniqueur de l'époque, une description très vivante de cet événement. En 1503, une autre Lomellina, sous les ordres de Prégent de Bidoux, chef de l'escadre franco-génoise, combat devant Naples.

Le propriétaire de notre Lomellina a de fortes chances d'être Agostino Lomellini, fils d'Ansaldo, dont nous avons retrouvé la trace dans un manuscrit répertoriant les fonctions occupées par les membres de la famille au début du XVIe siècle.

Il a tour à tour été Consul de 1502 à 1513, propiétaire d'une nave en 1514. Il siège ensuite au Conseil des anciens en 1515, puis au Conseil des Impôts (Calleghe) en 1515. Il possède une nave avec 200 soldats (fantis) en 1515 puis exerce la charge d'Officier d'avitaillement et du sel en 1516. Il siègera de nouveau au Conseil des Anciens en 1518, 1520 puis 1526 et assumera de très nombreuses fonctions officielles jusqu'en 1528, dont officier de la Corse en 1524 et 1526 et officier de la monnaie en 1525. Avant d'occuper ces importantes fonctions, il semble bien que, en association avec Luca Vivaldi, il ait séjourné à Lyon, ville célèbre pour sa foire des changes, entre 1507 et 1513, avec un passage à Bruges en 1512. La dernière mention que nous en avons est celle de son ambassade auprès de la Cour de France en 1528.

Les Lomellini occupèrent par trois fois la magistrature suprême, ils furent doges : Battista en 1533, Gianotto en 1571 et Giacomo au XVIIe siècle.
On ne peut pas parler des Lomellini sans évoquer deux activités où ils s'illustrèrent.
La première dans la pêche et le commerce du corail, qui connut son apogée lorsqu'ils obtinrent de Charles Quint, en 1543, l'exclusivité de la pêche du corail sur l'île de Tabarca, monopole qui dura trois siècles.
La seconde, moins brillante, en 1662, lorsqu'en association avec Domenico Grillo, Ambrosio Lomellini, descendant de la branche de la famille qui s'était installée en Espagne, obtint l'Assiento (le contrat) de la traite des esclaves pour le compte du Roi d'Espagne.
Au début du XVIIIe siècle, trois branches de la famille vivaient à Gênes et une en Espagne, mais d'une manière surprenante, à la fin de ce siècle, les Lomellini quittent définitivement la scène, toute leur descendance mâle s'étant éteinte.

© Max Guérout