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Au XVe siècle, Marco Lomellini obtient du roi Alphonse
V d'Aragon le monopole du commerce du liège dans tout le royaume. Ambrogio,
qui réside à Nantes, y a l'exclusivité du commerce du
cuir irlandais et du sucre que deux autres Lomellini, Urbano et Battista,
produisent dans l'île de Madère.
Très avisés, ils concentrent leurs activités sur des
produits très demandés :
- le mastic tiré de la sève du lentisque. Celui qui est produit
à Chio est particulièrement recherché pour sa consistance,
car il sert à fabriquer une pâte à mâcher très
prisée à une époque où l'usage immodéré
de l'ail et de l'oignon rend les haleines redoutables : "du marin qui
cherche à éloigner le scorbut à la demoiselle".
- l'alun, indispensable pour la teinture des textiles, qu'ils vont aussi chercher
à Chio pour le distribuer dans toute l'Europe.
C'est le commerce de ce genre de produit pondéreux et relativement
bon marché qui justifie l'emploi des grandes "naves" génoises,
capables d'effectuer leur transport sans rupture de charge depuis Chio jusqu'en
Europe du Nord Ouest.
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Le propriétaire de notre Lomellina a de fortes chances
d'être Agostino Lomellini, fils d'Ansaldo, dont nous avons retrouvé
la trace dans un manuscrit répertoriant les fonctions occupées
par les membres de la famille au début du XVIe siècle.
Il a tour à tour été Consul de 1502 à 1513, propiétaire
d'une nave en 1514. Il siège ensuite au Conseil des anciens en 1515,
puis au Conseil des Impôts (Calleghe) en 1515. Il possède une
nave avec 200 soldats (fantis) en 1515 puis exerce la charge d'Officier d'avitaillement
et du sel en 1516. Il siègera de nouveau au Conseil des Anciens en
1518, 1520 puis 1526 et assumera de très nombreuses fonctions officielles
jusqu'en 1528, dont officier de la Corse en 1524 et 1526 et officier de la
monnaie en 1525. Avant d'occuper ces importantes fonctions, il semble bien
que, en association avec Luca Vivaldi, il ait séjourné à
Lyon, ville célèbre pour sa foire des changes, entre 1507 et
1513, avec un passage à Bruges en 1512. La dernière mention
que nous en avons est celle de son ambassade auprès de la Cour de France
en 1528.
Les Lomellini occupèrent par trois fois la magistrature
suprême, ils furent doges : Battista en 1533, Gianotto en 1571 et Giacomo
au XVIIe siècle.
On ne peut pas parler des Lomellini sans évoquer deux activités
où ils s'illustrèrent.
La première dans la pêche et le commerce du corail, qui connut
son apogée lorsqu'ils obtinrent de Charles Quint, en 1543, l'exclusivité
de la pêche du corail sur l'île de Tabarca, monopole qui dura
trois siècles.
La seconde, moins brillante, en 1662, lorsqu'en association avec Domenico
Grillo, Ambrosio Lomellini, descendant de la branche de la famille qui s'était
installée en Espagne, obtint l'Assiento (le contrat) de la traite des
esclaves pour le compte du Roi d'Espagne.
Au début du XVIIIe siècle, trois branches de la famille vivaient
à Gênes et une en Espagne, mais d'une manière surprenante,
à la fin de ce siècle, les Lomellini quittent définitivement
la scène, toute leur descendance mâle s'étant éteinte.