Le carnet de la mission 2013 [ordre chronologique inversé]


9 septembre 2013
Les vagues déferlent sur le rivage de la pointe NordThomas décrit la coupe de la tranchée


Nous avons reçu hier un message de Jean-Michel Forhan qui nous envoie les premières questions de ses élèves de CM2, de l’école de Semoy, près d’Orléans.

 Jean-Michel est un fidèle et suit nos tribulations depuis 2006. Les enfants changent, mais il continue à faire partager à ses élèves son enthousiasme et son intérêt pour nos travaux. Les questions, les encouragements des enfants sont appréciés de tous ici à cause de leur fraîcheur.

Questions et réponses sont mises en ligne sur le forum de notre site Internet par Sébastien Eon.

Presque simultanément, arrive également un message de trois élèves du Lycée de Bois Joly Potier à la Réunion : Valentin Metzger, Melissa Lauret et Antoine Danez qui souhaitent préparer un dossier sur l’histoire des naufragés de Tromelin au jury de leur travail personnel encadré.
Leurs questions et nos réponses sont également mises en ligne sur le même forum.

Le jour se lève avec un ciel couvert par un banc de nuages presque continu, tout juste si le soleil fait une courte apparition au lever avant d’aller se cacher derrière l’écran qu’ils forment.
Une forte houle d’Ouest brise sur les plages de la pointe Nord, nous offrant un spectacle magnifique.
Les nuages doivent se trouver en bordure d’un système dépressionnaire qui circule quelque part dans le Nord-Est de Madagascar. Comme il n’y a plus de météo sur l’île, nous en sommes réduits à des conjectures.

Hier matin, profitant de la marée basse, j’ai réussi à atteindre le treuil qui se trouve dans le Sud et à prendre ses mesures, ce que nous n’avions pas fait jusqu’à présent.

Les ramasseurs de « tongs » et autres déchets plastiques ont également retrouvé un fragment de doublage du même navire.

Le doublage recouvre la coque pour la protéger des tarets qui mangent le bois : vers 1780, c’est d’abord du cuivre qui est utilisé pour être remplacé par un alliage plus résistant vers 1840, appelé métal jaune, précisément celui du morceau retrouvé.

La fouille continue autour du site principal, le travail est lent, méticuleux. Les éléments trouvés ne sont pas spectaculaires mais très souvent ils confirment ou précisent les éléments de la vie des naufragés malgaches.

Ici, un morceau de plomb fondu confirme le travail observé sur les grandes bassines trouvées en 2008, là, un fragment de cuivre découpé ou percé de trous carrés pratiqués en utilisant les clous de charpentier de l’Utile, et là encore, un os d’oiseau ou de tortue brûlé qui rappelle la manière dont ces animaux étaient consommés.

Un fragment de fer presque informe est découvert ce matin, il s’agit de l’extrémité d’un hameçon avec son ardillon. Toutes ces observations réunies finissent par faire ressurgir le quotidien des naufragés.

A midi, le banc de nuages a lentement glissé vers le Nord, laissant un ciel bleu presque sans nuages.

Les amis de la première semaine de séjour, et qui nous ont quittés depuis, nous envoient presque simultanément un message amical : Luc et Christian, nos botanistes, ainsi que Rezah Badal qui, derrière son ordinateur, rêve de reprendre la pelle du fouilleur.

Max Guérout