Le carnet de la mission 2013 [ordre chronologique inversé]


31 août 2013
Joë et Jean-François inventorient le mobilier archéologiqueLes oiseaux dans le ciel symbolisant cette liberté refusée aux esclaves


Dans la matinée de ce samedi, l’équipe se contente d’activités légères.

Bako et Thomas finissent de nettoyer les murs du site principal en vue de la venue, lundi prochain, de visiteurs arrivant de la Réunion.
De son côté, Véronique classe, par espèces et par catégories, les os d’animaux trouvés dans la couche archéologique tandis que Joe et Jean- François procèdent à l’inventaire des objets mis au jour depuis le début du chantier, que nous dénombrons à près d’une centaine.
Le travail est un peu fastidieux, mais quitter le chantier avec un inventaire complet, contenu dans une base de données consultable via Internet, est une grande commodité pour une équipe qui va éclater à la fin de la mission (Réunion, Guadeloupe, Cherbourg, Béziers, Bordeaux). 

Les objets mesurés, pesés et photographiés, sont entrés dans la base avec la date de leur découverte, le secteur et le carré de fouille et, pour certains, leur position géodésique.

L’après-midi est libre : visite de l’île, lessive, footing, dessin, match de rugby à la télévision pour certains.

Les oiseaux, omniprésents, sont toujours observés avec attention. Les fous à pieds rouges en particulier car, depuis la dernière mission, nous avons noté un changement très net de leurs lieux de nidification.

En 2010 aucun fou à pied rouge ne venait nicher au nord des bâtiments de la station météo. Cette année, ils occupent les veloutiers, leur arbuste de prédilection, dans toute la zone nord, aussi bien à l’Ouest qu’à l’Est.
La cause en paraît évidente, à la demande de l’armée de l’air, les veloutiers qui se trouvaient de part et d’autre de la piste d’atterrissage ont été coupés sur une grande largeur en 2011, supprimant du même coup les lieux de nidification habituels des fous à pieds rouges qui ont trouvé leur salut en changeant de secteur.
Par contre, cette coupe énergique n’a pas modifié les lieux fréquentés par les fous masqués car ceux-ci pondent à même le sol, un ou deux œufs qu’ils défendent énergiquement contre les intrus.

Nous pensons aussi, en observant ces oiseaux, à l’image de liberté qu’ils représentaient aux yeux des prisonniers de l’île. Les voir partir pendant un jour entier ou apparaître ainsi, venu d’un ailleurs inconnu comme les phaétons (les pailles en queue) que nous avons aperçus lundi dernier, contribuait, on s’en doute, à faire ressentir plus pesamment le sentiment d’isolement et d’enfermement des naufragés.

Max Guérout