Le carnet de la mission 2013 [ordre chronologique inversé]


27 août 2013
Le fou, la tête piégée par un anneau de plastiqueVeronique dégage des ossements de tortueConcorde,  fou ou tortue ?


Encore une histoire d’oiseau !
Christian Fontaine, en parcourant l’île hier soir pour son inventaire botanique, a découvert un fou à patte rouge, perché sur un veloutier, avec un anneau de plastique passant autour de la tête et dans le bec qui ne peut se refermer. L’oiseau, sans doute en pêchant, s’est malencontreusement emprisonné dans ce morceau de plastique.

Sur la fouille les choses sérieuses commencent, les zones de déblais et la couche protectrice de sable blanc sont peu à peu dégagées.

Débute alors l’étude de la couche archéologique, là où elle a été préservée.
Les premières observations de la couche supérieure permettent d’identifier des clous de charpentiers, des bandes métalliques, des ossement de tortues et d’oiseaux.

En fin de matinée, Rezah nous quitte après sept jours passés avec nous, passant sous une haie d’honneur faite par toute l’équipe, tenant qui une truelle, qui une balayette, qui une raclette. 

Un os, trouvé dimanche dernier au centre de l’île, nous relie à une histoire amusante car celui-ci ressemble à s’y méprendre à une maquette de l’avion Concorde.

Gérard Ethève, qui assura pendant longtemps les liaisons aériennes vers Tromelin avec les avions de la compagnie Réunion Air Service, avant de diriger Air Austral, ayant trouvé sur l’île un os similaire l’envoya à André Turcat qui avait été pilote d’essai du supersonique.
On avait alors décidé que l’os en question provenait du squelette d’un fou et qu’il s’agissait d’un bréchet. Sans doute fallait-il un oiseau pour symboliser l’envol du grand supersonique et un fou pour souligner le défi qu’avait constitué sa construction et sa mise en service.
Fort de ces certitudes, André Turcat écrivit dans l’un de ses livres de souvenirs un chapitre intitulé: « Fortune du fou ». Il conclut son chapitre par ces mots : « Le bréchet du fou de Tromelin, fidèle entre mes livres, fait partie de ma fortune de rêves »

Las ! Il s’agit en réalité d’un os de tortue et plus exactement un entoplastron...

C’est ainsi que fini donc le rêve d’un envol supersonique pour une histoire plus terre à terre.

Max Guérout