Similitudes avec le passé

- Similitudes avec le passé -

 Poissons de récif
 Crédit photo : Max Guérout

Ce soir, une odeur de feu de bois emplit la station météo, les cuisiniers s’affairent pour préparer un barbecue alimenté avec du bois mort de veloutier, l’arbuste qui couvre une bonne partie de l’île.
Une partie de pêche, mûrie de longue date, s’est cependant révélée infructueuse ce matin, il est en effet très difficile d’aller mettre ses lignes au large et les pêcheurs enragent de voir sauter à deux cent mètres du rivage de gros poissons qui restent inaccessibles.
Ces difficultés, alors que nous disposons de matériel moderne, montrent combien nos naufragés avaient probablement eux aussi beaucoup de peine à se procurer du poisson.

Pendant la présence de l’équipage de l’Utile, les naufragés construisirent un petit catamaran et, lorsque la mer était relativement calme, ils allaient pêcher au large des vagues déferlantes.

 Nouvelle mise à l'eau
 Crédit photo : Max Guérout

Dans le journal de l’écrivain du bord, Hilarion de Keraudic, on peut ainsi lire :

« 31 août - mit un petit cati-maron a la mer (pieces de bois amarées ensemble sur lesquelle on va à la mer) portant 3 hommes et nous avons pris 2 grandes sardes (poisson)
Le 1er 7bre. Belle mer, sauvé une hache, la moitié de la pierre à meule. Le cati-maron a été dehors et pris du poisson.
 »

Il se peut aussi qu’ils aient utilisé une astuce, un peu à la manière des pêcheurs vietnamiens qui utilisent des cormorans pour pêcher. Le cou du cormoran est muni d’une bague qui l’empêche d’avaler le poisson attrapé, il suffit alors au pêcheur de le récupérer. Les météorologues ont en effet remarqué que les fous qui partent en mer chercher de la nourriture pour leur progéniture régurgitent le poisson qu’ils ont pêché s’ils se sentent menacés. Il suffit alors de récupérer le poisson en question.

 Sondage de haut de plage - Thomas R-2
 Crédit photo : Max Guérout

Sur l’épave, les poissons de récif sont nombreux et les quelques poissons du large ne font que passer. Les plongeurs qui s’affairent, ballottés par la houle, ont toutefois peu de temps à accorder à la faune qui les entourent.

Quatre sillons creusés dans le corail se trouvent dans la zone où se trouvent les vestiges de l’Utile. Ils aboutissent à une grande cuvette de forme assez irrégulière dont les bords sont abrupts. Une équipe a entrepris aujourd’hui une topographie de cet ensemble complexe.

A terre, nous continuons les sondages au-dessus du site du naufrage dans l’espoir de trouver les sépultures qui n’ont pas manquées d’être pratiquées tout de suite après le naufrage quand on sait qu’au minimum une cinquantaine de personnes ont trouvé la mort. Le haut de plage a été bouleversé par les tortues, mais une trentaine de mètres plus haut le terrain est plat et l’épaisseur du sable suffisante pour y creuser une tombe.