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Satunisme ?

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Saturnisme(*) ?

 

Cuillères empilées

Crédit Photo : Jean François REBEYROTTE

 

La matinée est de nouveau consacrée à la photographie et à la topographie, il s’agit d’accumuler les données de toutes sortes et de dessiner un plan d’ensemble pour relier les découvertes de 2006 à celles de cette année. Nous voulons aussi pouvoir reconstituer, pierre par pierre, le petit bâtiment à l’aide de montages photos et de photos panoramiques.

Chacun s’active, sentant pourtant venir le moment du démontage, et avec lui la disparition de l’extraordinaire image que nous avons devant nous, celle d’un geste interrompu voici 232 ans, après quinze ans de lutte opiniâtre pour survivre.

Le vent à faibli, la chaleur s’installe et, au début de l’après-midi, même la bâche qui couvre le chantier ne nous empêche pas de souffrir.

 
 

Topographie précise du site
Crédit Photo : Laurent HOARAU

Le moment du démontage arrive. Nous commençons par le coin à droite en entrant, la où ont été empilées les cuillères. Finalement quinze d’entre elles sont comptées petites ou grandes, ainsi que trois aiguilles et une lame de couteau.

A gauche, c’est au tour d’une grande cuillère et d’un croc provenant de l’Utile. Nous nous attaquons ensuite aux deux récipients qui se trouvent au centre de la pièce près du foyer, un bol de 20 cm de diamètre assez dégradé et un grand plat, lui aussi dégradé. Le bol est dégagé rapidement et l’évidence apparaît : il ne s’agit pas d’étain comme leur aspect nous avait fait penser, mais de plomb. Nous avons préparé des cartons garnis de flocons de polystyrène pour les conditionner. Au moment de dégager le grand plat, nous nous rendons compte qu’il s’agit du couvercle d’une bassine de 53 cm de diamètre et près de 28 cm de hauteur. Egalement en plomb, nous peinons à la dégager du sol où elle est enfoncée, et à la transporter, car l’ensemble est extrêmement lourd. Pour pouvoir dégager plus facilement la bassine, nous retirons du site un second croc de fer, deux gros hameçons et un petit.

Une seconde bassine presque identique à la première (50 cm de diamètre, 23 cm de haut), couverte également par un plat, se trouve à gauche du foyer d’où elle est plus facilement dégagée. Il nous faut ensuite retirer du foyer les récipients et casseroles qui s’y empilent, celle du dessus contenant le fameux triton. Nous en retirerons pas moins de huit, parfois solidement encastrées, le cul de la plus basse est entièrement noirci par le feu. Nous prélèverons aussi deux autres récipient posés à côté, l’un d’eux est une casserole provenant avec certitude de l’Utile, et dont  la fixation du manche est encore visible.

A l’extérieur, la grande bassine qui se trouve à droite de l’entrée, posée sur une pierre plate, est vidée du sédiment qu’elle contient. Elle se révèle être aussi en plomb.
En première analyse, ces grands récipients qui ne peuvent par définition aller au feu, étaient sans doute destinés à contenir l’eau extraite du puit. Dans ces conditions, il faut sans doute envisager sérieusement une probable intoxication par le plomb des malgaches abandonnés. 


* Le saturnisme est le nom donné à une intoxication aiguë et chronique au plomb, nous y reviendrons.