D'hypothèses en suprises ...

Max croqué par Sylvain Crédit photo : Max GUEROUT

Voici donc un squelette particulièrement éclaté. Sa présence dans la couche de déblais parait impliquer qu'il provienne d'une sépulture dispersée par les travaux de terrassement voisins, hypothèse renforcée par la présence de fragments de cuivre à côté des ossements, mais trois vertèbres sont encore en connexion, ce qui pourrait indiquer une décomposition du corps à l'endroit même où nous l'avons trouvé, et concernerait donc un décès survenu après le départ de nos naufragés. Cette dernière hypothèse n'est cependant pas celle que nous retiendrons pour l'instant, car une pelletée de terre peut sans doute contenir trois vertèbres sans les désolidariser.

La matinée se passe à dégager, positionner et photographier les éléments dispersés du squelette.

En début d'après-midi, le travail de décapage peut reprendre, le muret le long duquel nous travaillons prend son assise dans la couche archéologique et a de plus en plus l'allure d'un mur de l'habitat des esclaves.

	Lot d'une douzaine de cuillères en cuivre Crédit photo : Jean-François REBEYROTTE

Au moment où nous dépassons le sable blanc qui scelle le site archéologique, nouvelle et heureuse surprise : au pied du mur apparait une, puis deux, puis tout un lot d'une douzaine de cuillères en cuivre, soigneusement rangées les unes dans les autres avec des aiguilles également en cuivre. La partie creuse est circulaire et le manche est astucieusement confectionné en repliant les deux côtés pour former un tube. Cette découverte est d'importance, car elle souligne à nouveau la structure de la petite communauté : soigneusement fabriquées et rangées, ces cuillères attestent d'une vie quotidienne bien organisée.

De l'endroit où nous travaillons, et malgré notre concentration, nous ne pouvons pas nous empêcher de jeter de temps à autre un regard par dessus les veloutiers, vers la pointe nord de l'île. Le vent violent a creusé la mer et les trains de houle qui passent de chaque côté de l'île s'y rejoignent dans de somptueuses explosions d'écume.