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Fragments et autres

- Fragments et autres -

 Fragments constituant une assiette
 Crédit photo : Max Guérout

Tout le monde attend depuis maintenant 15 jours que l’alizé diminue d‘intensité.
Au lever du jour il est assez faible, tout espoir est permis mais il ne tarde pas à monter rapidement au-delà de 15 noeuds. Les plongées s’annoncent donc, à nouveau, acrobatiques.

Pendant qu’une équipe rebouche les sondages que nous avons faits les jours précédents, les plongeurs s’équipent.

Hier, en fin d’après-midi, en rentrant d’une nouvelle inspection de la zone présumée du puits, Thomas Romon et Sudel Fuma ont trouvé quelques tessons de céramique, mis au jour par le passage du tracteur sur le chemin, serait-ce une assiette ?
Le décor imprimé vert et la pâte indiquent une production du XIXème siècle.

Ce matin, nous y retournons avec un râteau et nous y trouvons, à quelques centimètres sous le sol actuel, pas loin de soixante autres fragments de la même assiette que nous parvenons à reconstituer en grande partie. Quatre de ces tessons nous permettent de retrouver le nom du potier : J.PRATINO, et le nom du service : Italian flowers.

Comme nous ne pouvons pas accéder au réseau Internet pour y effectuer une recherche approfondie, nous lançons Robert Veccella, à Tahiti, pour qu’il se charge de mener l’enquête, ce qu’il a déjà si bien fait pour les briques imprimées : GARTCRAIG. Le tout est de savoir si cette assiette peut être reliée au naufrage de l’Atiet Rohoman qui a eu lieu en 1867, ou au second naufrage qui pourrait avoir eu lieu après 1876.

 Fragment (fourneau) d'une pipe en terre
 Crédit photo : Max Guérout

Les « reboucheurs » de sondages retrouvent sur un tas de déblais un minuscule tesson de céramique avec un décor bleu, seul objet de son genre trouvé dans la zone couverte par les sondages, soit un total de 3000 m².
De leur côté, les plongeurs (la journée est décidément faste) trouvent trois nouveaux canons en élargissant la zone de recherche, nous approchons donc du compte des 28 canons portés par l‘Utile.

Dans l’après-midi, l’équipe de fouille terrestre revient sur le point haut de l’île et poursuit le sondage entamé la semaine dernière. Cette zone a été bouleversée par des travaux divers, mais nous savons aussi que c’est à cet endroit que les malgaches, abandonnés sur l’île, avaient construit leur habitat en blocs de corail.
Nous peinons à trouver des repères dans cette zone, et nous creusons pour comprendre et essayer de lire, d’une part, les niveaux non perturbés et, d’autre part, essayer de trouver la base des fameux murs bâtis par les malgaches.

 Fragment d'une garde d'épée
 Crédit photo : Max Guérout

Le moral n’est pas au plus haut mais, alors que nous creusions nous depuis une demi-heure qu’une bonne surprise nous attend. Nous trouvonsn dans l’étroite tranchée où nous creusonsn d’abord le fourneau d’une pipe en terre, puis un fragment de garde d’épée en bronze.

Nous ne pensons pas, malheureusement, que ces objets étaient « en place », c’est-à-dire dans le niveau archéologique du XVIIIème siècle, mais ils ont sans doute été amenés là au cours des multiples remaniements du terrain. Ils nous donnent cependant une explication à l’absence d’objets que nous avons constatée sur l’emplacement des campements. Il semble bien que tous les objets ont été ramenés au lieu d’habitat définitif, ce qui nous laisse bon espoir d’en trouver d’autres.