Communiqué de Presse n°1/2004


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La Marine nationale redécouvre un "tiki" disparu à Raivavae.

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Culture : 12/02/2004 à 12:40

Tahitipresse

La Marine nationale qui était, mercredi 4 février, dans les eaux de Raivavae (archipel des Australes) pour mettre à jour la carte marine locale, a eu l'heureuse surprise de redécouvrir, par cinq mètres de fond, un "tiki" (Figures sacrées représentant le premier homme), perdu lors de son chargement sur le navire "la Denise" en 1933.

Ce tiki serait tombé en mer lors de son transport vers Tahiti, après que Steven Higgins eut l'idée de l'acheter au propriétaire des lieux, Terii Tane.

En réalité, Steven Higgins avait décidé d'acquérir trois Tiki de Raivavae afin de les exposer au musée de Papeete. Il s'agissait d'un couple, "Moana" et "Heiata", et de leur enfant. C'est ce dernier qui, lors de son chargement sur le navire "la Denise", chavira pour finir sa course au fond des eaux.

Même si les habitants de Raivavae ont toujours su où se situait le tiki immergé, cette redécouverte s'avère précieuse. "Le tiki représente un intérêt historique certain. Mais pour le moment il va rester sur place car son extraction requiert des conditions et une technique particulière", a expliqué le directeur de cabinet du ministre de la Culture.
A Raivavae, où l'affaire a suscité un début de polémique, les habitants souhaiteraient que ce vestige historique reste sur place. "Quand on possède un objet de valeur comme celui-là, on souhaite le garder", indique-t-on à la mairie, avant d'ajouter "on voudrait également récupérer les deux autres tiki", Moana et Heiata. Ils sont tous les deux exposés depuis 1965 dans les jardins du musée Gauguin sur la presqu'île de Tahiti. Le Territoire a cependant fait savoir que les deux tiki, ainsi que celui redécouvert mercredi, appartenaient bel et bien au Territoire.

Le mystère des tiki

Selon le dictionnaire illustré de Polynésie, les tiki (nom marquisien) représentent "des figures anthropomorphes ou non, dans lesquelles était supposé entrer un esprit que les humains désiraient invoquer".
Le même dictionnaire ajoute: "Le rôle des ti'i – NDLR leur nom en tahitien - dans la sorcellerie polynésienne découle d'une légende qui fait de ti'i le premier être humain (…) Ces ti'i étaient invoqués pour obtenir la protection des esprits qu'ils incarnaient mais, plus souvent, ils étaient utilisés à des fins de sorcellerie pour détruire les organes vitaux d'un ennemi et capturer son âme".

Au même titre que la "malédiction des pharaons" qui aurait frappé Lord Carnavon et son entourage, après la découverte du tombeau de Toutankhamon en 1922, en Egypte, plusieurs décès "mystérieux" accompagnent l'histoire des tiki Moana et Heiata.

Dans son ouvrage "De l'atome à l'autonomie" Philippe Mazellier revient sur ce sujet. L'auteur écrit que, deux mois après l'expédition de Raivavae en 1933, "Higgins tombe malade, probablement d'une grave affection hépatique".
"Aussitôt la rumeur publique accuse les tiki. Il meurt en 1935 (…) Quand la sœur d'Higgins meurt deux mois plus tard, et que Terii Tane et sa compagne également (…) cela suffit pour fortifier la conviction que les deux tiki possèdent un pouvoir maléfique", ajoute-t-il.

Une fois à Tahiti, le mystère entourant Moana et Heiata ne se dissipe pas: "En 1965 on décide de déplacer les tiki car ils sont situés à l'emplacement du nouvel hôpital. Le service des travaux publics ne trouve pas de manutentionnaires disponibles. Finalement une équipe de 10 Marquisiens accepte le travail. Ils ont accepté parce que traditionnellement sculpteurs et catholiques, ils ne craignent pas les dieux de pierre des anciens plus communs dans leur archipel."

Dans les quinze jours qui suivent le déplacement des tiki "on déplore deux décès" de personnes ayant participé au chantier. L'un d'eux, "David Tanaitahuata s'était montré, selon des témoins, très irrespectueux envers eux – Ndlr les tiki -, lançant à la cantonade : 'Chez nous ils sont si nombreux qu'on n'y fait même pas attention. Les marquisiens n'ont pas peur des tiki. Est-ce que les gens meurent pour des cailloux ?'"

Depuis la semaine dernière, l'histoire du tiki retrouvé est sur toutes les lèvres. Malgré toute cette agitation autour du sujet, le ministère de la Culture souhaiterait pour sa part pouvoir extraire la statue du lagon dans les meilleures conditions possibles.

JBC

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